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Aguelmane (Agelman), terme pan-berbère présentant les variantes régionales suivantes:
* agelman : Maroc
* agelmam : touareg
* agelmim : Kabylie.
Il peut désigner tout réservoir naturel d'eau douce de dimensions très variables, depuis une simple flaque d'eau jusqu'au lac. Ce vocable est probablement un ancien composé associant deux radicaux lexicaux pan-berbères: gl, « idée de stagner, figer, suspendre...» + aman, « eaux» (d'où: agelman = « eaux stagnantes, dormantes»). Si cette hypothèse étymologique est exacte, la forme marocaine serait donc la plus conservatrice. Les variantes touarègue et kabyle s'expliq_eraient par une simple influence assimilatrice de la première nasale sur la seconde (/m-n/ > /m-m/).
La ville de Aguelmim (déformée en Goulimine) du sud du Maroc relève de la même racine
La « région des Aguelmanes », dans le Moyen Atlas, au sud d'Azrou, doit son nom aux nombreux lacs, d'origine volcanique qui occupent des cratères ou des fractures. Le plus grand, long de 3 km, et le plus connu est l'aguelmane de Sidi Ali ou Mohand dont le mausolée se dresse sur une presqu'ïle de la rive sud, au pied d'une falaise calcaire. Très profond et poissonneux ce lac, à 2000 m d'altitude, est devenu un centre touristique.
L'aguelman de Sidi Ali ou Mohand (photo R. Gougenheim)
Les pâturages d'été sont fréquentés par les fractions de Aït Mguild (Aït Arfa et Irklaouène). Ce déplacement estival (azaghar) ne concerne qu'une faible partie des gens et des troupeaux.
adjelmam (pl ur. idjelmamen) désigne en touareg un réservoir d'eau naturel permanent ou temporaire, que ce soit un lac, un bassin, une mare, une flaque d'eau, quelle que soit sa dimension. Cependant, le touareg différencie avec une grande précision, selon leur taille et leur durée, toutes ces formes de réserves d'eau qui sont englobées par la générique adjelmam :
* tesâhaq : « flaque d'eau»
* adjel hok : H petite dépression du sol, inférieure à 100 m avec une eau temporaire »
* téwegh : « creux naturel, formant réservoir, de dimension quelconque
* tesaq : « grand réservoir d'eau naturel»
* anâhogh : « creux devenant réservoir d'eau pendant plusieurs mois»
* tawârd'é : « creux naturel dans un rocher où l'eau s'amasse»
* tadjidda : « petit creux naturel dans une roche, en forme de bassin conservant l'eau de pluie ».
Cette richesse et cette précision donnent le niveau d'intérêt et d'attention que les populations du Sahara central accordent à l'eau. L'expression touarègue : aman, iman « l'eau, c'est la vie », illustre bien l'importance qui est accordée à l'eau.
BIBLIOGRAPHIE
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Source initiale: Encyclopédie Berbère, Livre II
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