Vous n'êtes pas identifié.
AKUCH (yakuch/yuch) (prononcer "Akouch")
Nom de Dieu chez les Berbères d'après une phrase de la Chronique d'Abu Zakariyya : « L'imam (Abd el Wahhâb), Dieu l'agrée, leur envoya une lettre où leur ordonnait de le (Abu'Ubaïda) prendre pour gouverneur et leur faisait ce serment: Par Allah en arabe, par Radir en langage citadin, par Akuch en berbère, par Iza en abyssin, je ne confierai les affaires des Musulmans qu'à l'homme qui dit "je ne suis qu'un pauvre homme" (trad. Le Tourneau, Rev. afric., t. CIV, 1960, p. 163).
Il s'agit du même mot que Yakuch que les Barghwata substituaient, dans la prière, à celui d'Allah (El Bekri, Description de l'Afrique, trad. de Stane, Maisonneuve, 1965, p. 267). Ce nom est cité sous cette forme dans le Kitab et Tabaqet de Jarjini à propos d'une consultation du Cheikh Abu 'Ammar ben Abi Ya'qub qui vivait à Ouargla au VIe siècle de l'Hégire.
Une forme voisine Yuch se rencontre dans la Mudawwana d'Ibn Ghanem de Djerba et dans une chronique anonyme ibadite publiée par T. Lewicki (Rev. des Et. islam., III, p. 27D-279) et, au Mzab, dans des formules incantatoires pour obtenir la pluie.
Seul le Bayan el Moghrib d'Ibu el Idhari donne la forme Bakuch qui a servi d'argument pour rattacher ce nom divin à celui du dieu Bacchus. Cette forme est certainement due à une erreur de lecture ou à un défaut du manuscrit car en arabe B et Y ne se distinguent que par le nombre de points diacritiques. G. Marey fait dériver Yakuch du nom de Jésus. Le rapprochement, dans le serment d'Abd el Wahhab, de Akouch en berbère et de Iza (Jesus) en abyssin, aurait pu être un argument supplémentaire en faveur de cette hypothèse irrecevable. Les nombreux auteurs (M. C. de Slane, A. de Motylinski, R. Basset, G. Marey) qui ont tenté d'expliquer ce nom n'ont retenu que les formes Yakuch et Yuch et non celle de Akuch qui n'est peut-être qu'une contraction.
Yakuch et Yuch sont sans doute deux formes dialectales d'un même nom et il s'agit très certainement d'un radical verbal précédé de la marque personnelle de 3ème personne de masculin singulier y ("il"). Le verbe,- encore bien attesté dans les parlers berbères modernes (Maroc, Chaouïa, Mzab) sous la forme ac/uc ('c' se prononce 'ch'), a le sens de "donner". L'autre forme du verbe (a)k(u)ch, bien que non attestée en tant que verbe, se perpétue néanmoins en kabyle ou il existe un terme tukci/tikci signifiant "don" et qui dérive d'un radical *kch.
Le nom de Dieu en berbère signifiait donc vraisemblablement "il a donné", "il donne".
BIBLIOGRAPHIE
* ABU ZAKARIYYA' AL WARGALANI. Chronique. Trad. Le Tourneau, Rev. Afric., t. CIV,1960, p. 99-176 et 322-390, t. CV, 1961, p. 117-176.nème partie trad. R. Idris, 1. CV,1961, p. 323-374 et t. eVI, 1962, p. 119-162.
* CALASSANTI-C.M0TYLINSKI, A. DE. Le nom berbère de Dieu chez les Abadhites. Alger,1905.
* BASSET R. Recherches sur la religion des Berbères. Rev. de l'Hist. des Relig., 1910, t.LXI, p. 316
* MARCY G. Le Dieu des Abadites et des Bergwata.- Hespéris, t.XXII, 1936, p. 33-56.
* LEWICKI T. Sur le nom de dieu chez les Berbères médiévaux. Folia orientalia, t.VIII,1967, p. 228.
Source Initiales: G. CAMPS - S. CHAKER\Encyclopédie Berbère.
Hors ligne