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#1 25-07-2009 10:28:10

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Africa

Pour les Romains, Africa désignait tout d'abord le territoire soumis à la do­mination carthaginoise transformé après la prise de Carthage (146 avant J.-C) en province romaine. Cette ancienne provincia Africa correspondait à peu près au nord-est de la Tunisie actuelle, de Thabraca (Tabarca) jusqu'à Thae­nae (Thyna, Il km au sud de Sfax) au golfe de Gabès.

La déesse afrique

Après la défaite de Juba 1er à Thapsus (46 avant J.-C) la majeure partie de son royaume, la [[Numidie]]]], fut annexée comme Africa nova pour la distinguer de l'ancienne province appelée Africa vetus. Les deux parties formèrent l'A­frique proconsulaire.

Sous Dioclétien (284-305) l'Afrique formait un diocèse comprenant les pro­vinces de Tripolitania, Byzacena, Proconsularis ou Zeugitana, Numidia milita­ris, Numidia cirtensis, Mauretania Sitifensis et Mauretania Caesarensis. Le Nord-Ouest marocain, Mauretania Tingitana, faisait partie du diocèse d'Es­pagne.

L'Afrique prise au sens large que les Grecs appelaient la Libye (Pline l'An­cien, VI), à savoir la partie de l'Afrique délimitée par le Nil, la Méditerranée et l'Atlantique (Pomponius Mela 1,4) constituait une des trois parties du mon­de des Anciens.

Ce n'est que plus tard, à l'époque des découvertes, que le nom d'Afrique fut étendu à tout le continent.

Etymologie

La désignation latine (Africa) signifie primitivement la terre des Afri, peuplade indigène (amazighe) du nord de la Tunisie actuelle, souvent confon­due avec les Carthaginois, mais Tite-Live distingue bien les Afri des Cartha­ginois :

- « Hasdrubal plaça les Carthaginois à l'aile droite et les Afri à l'aile gau­che» (XXIII 29, 4) ; - « les Carthaginois et les vétérans Africains» (XXIII 28, 14) ; - « les Carthaginois avaient comme mercenaires des Afri et des Numides»(XXIII 28, 44) ; - « les cavaliers des Libyphoeniciens, une peuplade carthaginoise mélangée d'Afri» (XXIII 21, 22).

Frontin rapporte également que Maharbal avait été envoyé par les Cartha­ginois « pour réprimer une rébellion des Afri » (Strat. II 5, 12).

Afer (subst. et adj.) a plusieurs significations:

A. adj. « relatif à l'Afrique, d'Afrique, africain », par ex. absinthum « ab­sinthe », ammoniacum « gomme ammoniaque », avis « pintade », bitumen « bitume », bulbi « bulbes », cyminum « cumin », ficum « figue », fucus « fu­cus, orseille », murex « coquillage dont on tirait la pourpre », oleum « huile », opopanax « opopanax », serpentes « serpents », spongia « éponge », sulphur « soufre », tapetia « tapis », tunicae « tuniques », vinum « vin ». L'expression afer turbo existe comme expression poétique et correspond à africus ventus « vent de sud-ouest ».

B. subst. « habitant l'Afrique du Nord (sauf l'Egypte) », à savoir (1) Car­thaginois, Punique », (2) au pl. les « Carthaginois et leurs alliés africains », (3) les « Africains, auxiliaires ou ennemis des Carthaginois ».

C. subst. « Africain » comme cognomen latin, comp. Publius Terentius Afer (poète comique, né à Carthage) et Cn. Domitius Afer (orateur). Le cognomen Africanus désigne P. Cornelius Scipio Africanus (major), vainqueur de Zama (202 avant J.-C) et P. Cornelius Scipio Aemilianus Africanus (minor) qui détruisit Carthage (146 avant J.-C).

Il est donc hors de doute que les Afri étaient une peuplade distincte des Carthaginois. La forme primitive de cette désignation était certainement Afri (au singulier) considérée par les Romains comme génitif du singulier « de l'Afri ») ou nominatif du pluriel « les Afris »). La forme Afer est une forme « refaite» comme Poenus «Carthaginois» est «refait» d'après poenicus, punicus « punique », comp. Φοίυιχεζ et égyptien Fnx-w « nom d'un peuple syro-palestinien » (A. Erman und H. Grapow, Worterbuch der ägyptischen Sprache, Vol. 1, Leipzig 1926, p. 577).

On peut s'étonner que la forme Afri ne présente pas la métaphonie, phéno­mène fréquent dans l'ancienne Tunisie, comparer les noms de lieu Thibilis, Thigibba, Thignica, Thimida, Thimisua, etc. On s'attendrait plutôt à Ifri. Or, les formes sans et avec métaphonie sont assez irrégulièrement réparties. Nous donnons, à titre d'exemple plusieurs formes de noms en berbère des Beni Snous et en kabyle: aghil (BSn), ighil (Zw) « bras », afer (BSn), ifer (Zw) « aile », asli (BSn), isli (Zw) « fiancé, jeune marié », etc. (BSn = Beni Snous ; Zw = Zwawa, kabyle) (E. Destaing, Étude sur le dialecte des Beni Snous, vol. 1, Paris 1907, p. 53). D'ailleurs, la forme ifri existe peut-être comme nom de l'ancêtre des Aït Ifran (Banu Ifran) qui constituent la branche la plus considérable de la grande tribu des Iznaten (Zenata) (Tadeusz Lewicki, Banu Ifran. Encyclopédie de l'Islam. Nouvelle édition. Tome III. Leyde et Paris 1971, p. 1065-1070). La tribu des Aït Ifran était considérée comme les descendants dIfri, fils dIslitan, fils de Misra, fils de Zakiya, fils de Warsik (ou Warchik) fils d'Adi­dat, fils de Djana, ancêtre éponyme de toutes les tribus zenatiennes.

Quant à Africus ou Africus ventus « vent du sud-ouest », vent qui amène la pluie, c'est bien le vent provenant d'Afrique. Ce n'est pas l'Afrique qui a reçu son nom du vent, mais le contraire.

En grec Αφριχή désigne primitivement la province romaine d'Afrique (dis­tincte de la région géographique du même nom que les Grecs appelaient Λιβύη) (A. Bailly, Dictionnaire latin-français. Paris, 1950, p. 330). Αφριχή est la transcription du latin Africa.

L'arabe connaît deux formes, 'Ifriqiya-t et 'Ifriqiya (M. Talbi, Ifriqiya. Encyclopédie de l'Islam. Nouvelle Edition. Paris, 1971. III, p. 1073-1076). Cet article réunit également les étymologies mythologiques des Grecs et les essais d'explication des auteurs arabes.

Adapté de l'article de WERNER VYCICHL paru dans l'Encyclopédie Berbère. Livre II.

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#2 25-07-2009 10:30:09

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Re: Africa

Afrique

Afri- (Afrique) Afri l’origine du nom latin et du peuple des AFRI fait toujours l’objet de discussions, toutefois l’origine du mot est bien Libyque. Les preuves se trouvent chez les auteurs latins classiques. Ces auteurs distinguaient le peuple des AFRI de celui des Carthaginois. Ce peuple des Afri vivait dans les plaines et les collines de la moyenne Medjerda où il s’adonnait à l’agriculture et à l’élevage fournissant à Carthage d’importantes quantités de blé ( Polybe. I 72 ) et de nombreux contingents militaires surtout de cavalerie ( Tite Live. XXIII 21 ,22;28,14.44;29,4; XXVIII 14,4 ). Ces conditions se sont maintenues, en gros, jusqu’à l’époque romaine.

Le terme latin Africa a été forgé à partir de l’ethnie Afri et il était déjà employé à l’époque de la IIe guerre punique comme l’atteste le surnom Africanus attribue à Scipion. Le mot s’appliquait à l’origine qu’au pays des Afri en Tunise du Nord-Est où le nom de ’FRIGUIA désigne aujourd’hui la vallée moyenne de la Medjerda. Il fut très tôt étendu à toute l’Afrique du Nord à l’exception de l’Egypte ( Salluste, Jugurtha 17-18 ), mais cette acception large ne correspondait pas à la nomenclature administrative des Romains. Ceux-ci donnèrent le nom d’Africa aux possessions carthaginoises devenues province romaine en 146 avant J-C et délimités par la ‘’Fossa regia’’ qui entourait un territoire de 25 000km2.

Après sa victoire sur le parti de Pompée et Juba I à Thapsus en 46 avant J-C, César réunit l’Est et la [[Numidie]]]] jusqu’à Lampsaque, l’Assif el-Kebir, aux possessions romaines scindées désormais en une Africa Vetus et une Africa Nova, cette dernière correspond en gros à l’ancienne [[Numidie]] orientale. Son premier gouverneur fut l’historien Salluste, qui avait pris part à la campagne de César. Les deux provinces s’opposèrent au début de la IIIe guerre civile. L’Africa Vetus restant fidèle au sénat, tandis que l’Africa Nova, commandée par T. Sextius, était favorable aux triumvirs. Le succès de ces derniers amena à la réunion de l’Africa qui fut confiée à Lépide de 40 a 36 avant J-C., puis reprise par Octave. Elle devint en l’an 27 avant J-C province sénatoriale, souvent appelée " Africa Proconsulaires" et gouvernée de Carthage par un proconsul qui commandait aussi la Legio III Augusta (IIIe Légion Augusta ). Son territoire était désormais beaucoup plus vaste que celui des anciennes possessions de Carthage limité à l’est par la Cyrénaïque et à l’Ouest par la Maurétanie incluant la Tripolitaine la Tunisie et l’Algérie orientale. Les guerres de Tacfarinas et les mouvements des tribus nomades amenèrent l’Empereur Caligula à confier à un légat le commandement de la III Augusta et la direction des régions frontalières, prélude de la reforme qui aboutira sous Septime Sévère ( 193-211 ) à la création de la province impériale de [[Numidie]]]], distincte de l’Afrique proconsulaire. Cette dernière revint au premier plan de l’actualité en 238, quand son proconsul se révolta contre Maximin et se fit proclamer empereur avec son fils ( Gordien I et II ). C’est le légat de [[Numidie]]]], Cappellianus qui mit fin a la carrière des usurpateurs. Lors de la grande reforme administrative de Dioclétien ( 284-305 ), la province d’Afrique, désormais divisée en trois: Tripolitaine, Byzacène et Afrique proconsulaire proprement dite. Le tout étant intégré au diocèse d'Afrique avec les deux [[Numidie]]s et les Maurétanies Césarienne et Sitifienne, la Maurétanie Tingitane faisant partie du diocèse d’Espagne.

L’histoire de l’Afrique romaine du IVe et Ve siècles est dominée par les révoltes Imazighen, les mouvements sociaux des circoncellions, la crise Donatiste, le prosélytisme manichéen et des insurrections, notamment celle de Firmus et de Gildon. Sa richesse proverbiale fut à l’origine de la fondation de nombreuses colonies romaines qui se superposèrent à la civilisation urbaine et à l’économie agricole de l’époque carthaginoise et numide. L’Afrique appelée aussi la Berbérie, terre des Imazighen ouverte et réceptive aux influences foraines Grecques, Romaines, Phénicienne a joué un grand rôle dans le monde antique notamment dans le domaine spirituel qui a vu le triomphe des Pères de l’Eglise occidentale et dans le domaine de la littérature.

Référence:

    * J.-M.Lassere. Les afri et l’armée romaine.
    * V.Sassari 1988, p.177-184. l’Africa Romana
    * F.Decret-M.Fantar l’Afrique du Nord dans l’Antiquité, Paris 1981.

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