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#1 25-07-2009 03:23:04

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Aït, Ath, At

Aït (ayt)

Aït ou Ayt, « enfants (de) ».

Pluriel de u, w, ag, « fils (de) ». Attesté dans l’ensemble du domaine berbère et particulièrement fréquent dans l’onomastique locale (: noms de tribus, noms de villages...) qui fait en permanence référence à la filiation : Aït X « Les enfants de X ».

Du point de vue de sa formation, ayt est très probablement issu d’un complexe ancien *aw-t, combinant l’élément (a)w « fils (de) » à un suffixe de pluriel —t encore bien attesté dans les paradigmes grammaticaux du berbère, notamment dans la flexion verbale (—t d’impératif pluriel, —(i)t marque indifférenciée de pluriel des verbes d’état...).

L’évolution d’un prototype *aw-t à la forme ayt ne fait pas difficulté au plan phonétique elle s’explique aisément par une antériorisation et une palatalisation de /w/ sous l’influence de la consonne antérieure (dentale) /t/. Cette assimilation régressive de la semi-voyelle /w/ étant facilitée par sa position implosive (donc de faiblesse).

Il est curieux de constater que ce terme, certainement très ancien et actuellement usité chez la totalité des berbérophones, n’apparaît pratiquement pas dans les matériaux onomastiques de l’Antiquité.

Quelques rares noms de tribus antiques en aut — (Autololes, Pline l’ancien, Hist. nat., V, 17) pourraient cependant être expliqués par la forme ancienne (*aw-t) de ayt.

A l’heure actuelle, dans de nombreux dialectes (Kabyle, Mzab...), le terme n’apparaît plus guère que sous la forme at, avec chute totale de la semi-voyelle. Ainsi, en Kabylie, ayt n’est plus qu’un archaïsme ou une variante très localisée (on relève, par exemple, at-ma, « frères » (« enfants de ma mère ») et beaucoup plus rarement ayt-ma). Ce sont les habitudes issues de la nomenclature officielle française qui ont rétabli massivement les formes en ayt (< Aït— ») dans l’onomastique kabyle.

Très souvent aussi (Kabylie, Mzab...), ayt perd son lien avec le domaine de la parenté et prend le sens de « les gens de — », « ceux de — » :

(kabyle)

    * a(y)t wexxam = « Les gens de la maison » = « la maisonnée, la famille ».
    * at ufella = « ceux d’en-haut », « les gens d’en-haut, du haut-pays ».
    * at taddart = « les gens du village ».

S. CHAKER

Source Initiales:Encyclopédie Berbère, Livre III

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#2 25-07-2009 10:31:03

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Re: Aït, Ath, At

Ag

Ag- (agg-), « fils (de)» (touareg)

Variante touarègue de *a-w < w/u, « fils/enfant (de) », forme pan-berbè­re, attestée depuis l'époque libyque, particulièrement fréquente dans les an­throponymes : X fils (de) Y

Musa ag Amastan : Musa fils d'Amastan

Ag/w forme, dans l'ensemble du domaine berbère, un sous-système très parti­culier avec ses partenaires féminin/pluriels.

    * masc. pluriel: ayt, « enfants (de) »
    * fém. sing. : welet, ult, ulet, « fille (de) »
    * fém. pluriel: yst -> ccet, « filles (de) »

En dehors de l'anthroponymie, ag et ses partenaires sont systématiquement utilisés dans la terminologie de la parenté touarègue et berbère: aw/eg-ma, ayt-ma... « frère, frères»...

La variante touarègue avec occlusive palato-vélaire laisse supposer une for­me primitive touarègue *a-ww (la tension de /w/ aboutissant régulièrement en berbère à /gg/). On a proposé d'y voir une trace de l'ancienne marque d'état d'annexion (à initiale w-) du nominal subséquent:

*a-w + wNom > aww + Nom > agg + Nom (Prasse, 1974, p. 16).

On notera qu'il existe aussi en berbère Nord des formes à consonne palato-­vélaire:

w > g, gw, gu : g-ma, « frère» (= « fils (de ma)mère »).

Ag/w « fils (de) » est issu de la racine pan-berbère w < *hyw, « naître » qui est attestée dans la plupart des dialectes et est à l'origine de formes nom­breuses :

    * touareg:
          o iwi, ehew, « naître »
          o ahaya, ahayaw, « petit-fils, descendant... »
    * berbère Nord:
          o yiwi, « fils/enfant» (chleuh)
          o ayyaw, « neveu utérin, descendance utérine »

BIBLIOGRAPHIE

    * ALOJALY Gh. Lexique touareg-français, Copenhague, 1980 (p. 81 : ehew, ahaya...).
    * CLAUDOT H. La sémantique au service de l'anthropologie. Recherche méthodologique et application à l'étude de la parenté chez les Touaregs de l'Ahaggar, Paris, C.N.R.S., 1982.
    * DESTAING E. Vocabulaire français-berbère (... tache1hit.. .), Paris, 1920 (p. 129 : yiwi).
    * FOUCAULD CH. DE. Dictionnaire touareg-français, Paris, 1951-1952, 4 vol. (III, p. 1440 : iwi).
    * PRASSE K.-G. A propos de l'origine de h touareg (tahaggart), Copenhague, 1969 (no­tamment: n.° 461, p. 74).
    * PRASSE K.-G. Manuel de grammaire touarègue (tahaggart). I-IlI, Copenhague, 972 (p. 158: w, libyque).
    * PRASSE K.-G. Manuel de grammaire touarègue (tahaggart). IV- V, Nom, Copenhague, 1974.

S. CHAKER

Source Initiale: Encyclopédie Berbère, Livre II

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